INTERVENTION POUR LES FRANCAS DE BOURGOGNE

21 NOVEMBRE 1998

Malicorne (Yonne)

 

LES VALEURS EDUCATIVES DES FRANCAS

 

Cette intervention m’a été demandée tardivement : cela arrive !

 

Mais – en tant que Francas – il m’était difficile de laisser Manu dans l’embarras, et, puisque je suis quasi-voisin… je suis venu avec plaisir !

 

PREALABLE

 

Il me faut préciser quelques détails avant de traiter du sujet

 

-          je suis adhérent des Francas depuis l’âge de 16 ans… cela fait un bail !

-          j’ai surtout milité, jusqu’il y a peu, chez les Francas de Champagne-Ardenne

-          j’ai occupé, de 1983 à 1994, trois postes permanents différents

-          responsable des échanges franco-allemands

-          délégué de la région Champagne-Ardenne et du département de la Marne

-          délégué national chargé de mission auprès du secrétaire général, plus particulièrement concerné par les questions d’éducation et des droits de l’enfant

-          je n’ai pour l’instant plus aucun rôle en dehors d’être adhérent des Francas de la Marne

 

Je pense que toutes ces qualifications sont aussi de nature à influencer le discours que je vais vous tenir !

 

LES VALEURS EDUCATIVES DES FRANCAS ?

 

J’aimerais d’abord discuter un peu le sujet qui m’est proposé : les valeurs éducatives des Francas, ou, comme on dit le « problématiser », car il est loin d’aller de soi !

 

Ensuite, nous passerons au cœur du sujet, que je souhaite organiser autour de trois ensembles

-          les valeurs de laïcité

-          les valeurs de complémentarité

-          les valeurs de citoyenneté

 

Ces trois ensembles me paraissent rendre compte de l’essentiel des valeurs qui inspire le projet des Francas, et espérons-le encore, leurs pratiques !

 

« Les valeurs éducatives des Francas »

 

Discutons le sujet sur trois niveaux :

-          les valeurs : qu’est ce qu’une valeur ? Il faut s’entendre un minimum sur le sens du mot et ses implications !

-          les valeurs éducatives : y-a-t-il des valeurs éducatives et d’autres qui ne le sont pas ?

-          les valeurs éducatives des Francas : Y-a-t-il des valeurs propres aux Francas ? Lesquelles ?

 

LA VALEUR – LES VALEURS

 

La notion de valeur appartient au domaine de la morale ou de l’éthique.

 

La notion est à la mode et est connotée positivement. Cela ne fait pas très longtemps : ou plutôt, dans l’histoire récente, l’après 68 (les années 70) nous avaient habitué à brocarder « les valeurs » que l’on assimilait vite aux « valeurs bourgeoises », « valeurs traditionnelles » etc. La valeur était alors plutôt conçue dans les milieux progressistes comme conservatrice ou réactionnaire ; La valeur nous rattachait au passé, à l’ordre établi, à un ordre social où les valeurs dominantes étaient les valeurs des dominants, où les valeurs étaient donc des outils de leur domination.

 

Tout se passe comme si nous assistions à un grand retour de la valeur, et il faut s’interroger sur les mouvements de l’histoire des mentalités qui nous conduisent aujourd’hui, aux Francas, à rassembler tout un WE des gens autour de cette notion…

 

Passons : nous pourrons en débattre.

 

Pour préciser la notion de valeur et bien s’entendre, il faut énoncer- que la notion de valeur, en tant qu’appartenant au domaine moral, vise les actes et les comportements avant de concerner les idées et le discours.

 

La valeur n’appartient pas à l’ordre du discours : je peut ici prétendre effrontément être quelqu’un d’aimable, de tolérant et de généreux… rien ne pourra le confirmer avant que des actes observables viennent infirmer ou confirmer la proposition.

 

La valeur est donc forcément en acte pour être réelle.

 

C’est important, car souvent, le scepticisme – notamment celui des jeunes – est tel que la notion même de valeur est rejetée dans le domaine du « beau discours qui ne mange pas de pain », de l’idéologie (il faut dire que la crise du politique à cet égard est une crise de la valeur : ou plus précisément une crise liée au décalage entre la valeur affirmée dans les discours mais trop souvent contredite par les actes… Jospin actuellement « surfe » sur cette aspiration à restaurer le lien entre le discours politique et les actes, les décisions etc.)

 

Approcher les valeurs, c’est donc d’abord et avant tout travailler sur les comportements, les actes, les réactions : sur du concret observable.

 

En conclusion, donnons cette définition de la valeur : la valeur est ce qui oriente le comportement des individus, ce qui motive leurs actes.

 

Ainsi, si on pouvait en administrer scientifiquement la preuve, il est probable que la réaction d’un militant des Francas sera sans aucun doute différente de celle de la majorité des gens dans une situation donnée : cette différence est liée aux valeurs qui lui ont été transmises par le mouvement : et notamment par l’observation du comportement des autres militants autant que par l’étude de leurs discours.

 

Par exemple, je suis prêt à parier que, au vu d’une bagarre entre deux enfants inconnus dans la rue, le militant francas ne restera pas passif… (du moins peut-on l’espérer…)

 

LES VALEURS EDUCATIVES

 

Y-a-t-il des valeurs éducatives et d’autres qui ne le sont pas ?

 

L’éducation des hommes c’est notamment l’apprentissage des valeurs, ou plutôt leur très lente et très longue intégration progressive tout au long de ce chemin de croix qui mène de l’animal à l’homme !

 

On pourrait donc dire à ce titre que toute valeur est éducative, ou plutôt aspire, prétend à éduquer.

 

Si l’on parle de valeur éducative ici cependant, c’est qu’en effet un certain nombre de valeurs sont particulièrement chères au cœur des éducateurs que nous sommes… Les valeurs éducatives à cet égard sont donc bien plutôt les valeurs des éducateurs, en tant qu’ils exercent leur pratiques éducatives, dans leurs actes d’éducateurs.

 

LES VALEURS EDUCATIVES DES FRANCAS

 

Y-a-t-il des valeurs éducatives propres aux Francas, et qui feraient l’identité intangible du mouvement ?

 

Je ne le crois pas : les pères fondateurs appartenaient aux Eclaireurs de France, aux CEMEA, à la Ligue de l’enseignement, aux Syndicats enseignants, au mouvement Freinet… Les Francas continuent de partager une bonne partie des valeurs qui sous-tendent leurs pratiques avec l’ensemble de ces mouvements, et plus largement, l’ensemble du « mouvement progressiste » voire avec un large courant « humaniste » qui traverse l’ensemble de la société française dont les Francas sont aussi l’émanation.

 

Il faudrait donc plutôt parler des valeurs « qui inspirent les pratiques des Francas », car ces valeurs ne sont pas leur propriété : bien d’autres les partagent !

 

 


Récapitulons :

 

-          1. Parler des valeurs, c’est d’abord viser les comportements, les actes, les réactions… en conséquence, parler des valeurs en formation, c’est d’abord viser les comportements, les actes, les réactions des formés et des formateurs, et pas seulement changer les contenus de formation !

-          2. Parler de valeurs éducatives, c’est s’intéresser notamment aux valeurs des éducateurs, et notamment éclaircir celles que ceux-ci véhiculent dans leurs comportements, leurs actes, leurs décisions dans leur pratique d’éducation, c’est-à-dire quand ils sont au contact de personnes en devenir

-          3. On ne peut pas dire que les valeurs éducatives des Francas leur sont propres : ils les partagent avec beaucoup d’autres, même s’ils l’ont quelquefois oublié, et si, partout, un certain « chauvinisme de mouvement » occulte la communauté réelle de valeurs.

 

LAICITE – COMPLEMENTARITE – CITOYENNETE

 

Comme indiqué au début de l’intervention, il me semble que « les valeurs éducatives des Francas » s’organisent autour de trois ensembles : LAICITE – COMPLEMENTARITE CITOYENNETE

 

Ces trois ensembles correspondent à trois niveaux différents de l’acte éducatif

-          Laïcité : situe l’environnement général (« socio-politique ») de l’acte éducatif)

-          Complémentarité/convergence : décrit les relations entre les influences éducatives, est donc plutôt centré sur le comportement des éducateurs entre eux

-          Citoyenneté : vise plutôt les relations entre éduqué, et entre éducateurs et éduqués

 

LAICITE

 

La Laïcité semblait il y a très peu de temps être une idée poussiéreuse, qui n'a pas évolué si bien qu'elle apparaît comme réactive, non constructive, et, pour tout dire, un peu "ringarde", notamment aux yeux des plus jeunes...

 

Il faut se demander pourquoi.

 

C'est peut-être d'abord qu'il est plus facile de définir la notion négativement, comme absence de référence religieuse... C'est de là qu'apparaît sa dimension "réactive", combative, faisant également apparaître ses promoteurs comme étant sur la défensive.

 

Ensuite, c'est peut-être qu'elle a été figée dans une dimension purement institutionnelle qu'il s'agit seulement de préserver, de défendre telle quelle.

 

Les conséquences de la réduction de l'idée de Laïcité à sa dimension institutionnelle sont que

 

- ses fondements philosophiques et politiques ne sont plus perçus,

 

- le mot en lui-même provoque malentendus et blocages, en raison notamment des connotations héritées du "combat des deux France"

 

Il s'agit donc de viser, au delà du mot, les idées, d'en retrouver toutes les dimensions et d'en actualiser en conséquence la signification théorique et pratique.

 

Cette notion, héritée de l'époque où le dualisme catholique/laïque polarisait fortement notre société, doit être repensée en tenant compte des nouvelles données de cette société : le progrès technique, la pluralité des cultures et des croyances, l'omniprésence de l'image... Autant d'éléments qui ont modifié les rapports des hommes entre eux.

 

LES DIMENSIONS DU PRINCIPE DE LAICITE

 

On peut, sur la base de l'utilisation courante de la notion, en isoler les dimensions suivantes.

 

1.une dimension politique

2.une dimension juridique et institutionnelle

3.une dimension philosophique ou anthropologique

4.une dimension éthique et/ou déontologique

5.une dimension éducative

 

SA DIMENSION EDUCATIVE

 

Les Francas fondent leur action sur une conception plutôt ouverte de la laïcité, comme principe d'éducation : idéal d'émancipation fondé aussi sur une conception de l'individu libre de ses choix, croyances et options et qu'il s'agit, en l'éduquant, de mettre à la hauteur de cette liberté, au delà de tous les conditionnements et de toutes les influences issus de son environnement. Il s'agit en somme d'une éducation à l'autonomie, au sens propre du terme

 

Avec une ultime limite toutefois : toujours se fonder sur l'unité de l'homme et donc la stricte réciprocité des consciences (ce que je souffre et subis, l'autre homme, du seul fait qu'il est homme peut le ressentir de la même façon... et ma volonté de domination sur lui signifie nécessairement, inexorablement, la négation de sa volonté propre).

 

De cette volonté de laisser le libre-arbitre de l'autre intact et de cette insistance sur la réciprocité des conscience découle, dans l'idéal laïque, l'extrême tolérance et l'extrême respect vis-à-vis de l'autre, de tous les autres... et au premier chef notamment les "éduqués".

 

La notion de laïcité n’appartient pas seulement aux Francas, loin de là… Pourtant, on pourrait dire qu’il ont contribué, dans le débat laïque, à l’actualisation et à la rénovation de la notion, par deux idées notamment :

 

1° idée : La Laïcité de l'éducateur désigne sa capacité à considérer l'enfant et le jeune comme une personne humaine déjà à part entière et non comme un pas encore adulte

 

En fonction de la définition principale qui a été donnée de l'attitude laïque (l'affirmation qu'un caractère commun, proprement humain prime toutes les différences entre les hommes) la Laïcité de l'éducateur reviendrait, pour l'essentiel, à jauger son attitude et ses interventions sur l'enfant à l'aune du respect de la personne humaine, incarnée dans l'enfant ou le jeune à qui il a affaire, et qui porte en lui la totalité de la "Condition humaine", quels que soient ses défauts ou ses avatars.

 

Il faut donc changer bien des regards sur l'enfant pour arriver à cela !

 

2° idée : la Laïcité est l'invention permanente d'un savoir vivre en commun

 

De notre point de vue d'éducateur, une éducation à la Laïcité pourrait passer par l'invention permanente d'un savoir vivre ensemble respectueux de la limite entre le domaine privé et le domaine collectif.

 

Elle signifierait donc la construction collective et permanente d'un état de droit - dans ce que cette construction peut avoir de fragile, de périssable, de temporaire - dans les institutions éducatives

 

Elle s'opposerait donc à une démarche où un corps d'adultes imposerait aux enfants et aux jeunes des réponses toutes faites à des problèmes qui n'existent pas (parce que les règlements les préviennent tant et si bien qu'ils ne sont même plus aperçus comme tels).

 

Il reste à décliner ces éléments en terme de comportement, d’actes, de réaction, tant avec les enfants qu’avec les stagiaires.

 

Dans cette déclinaison on trouverait assurément des éléments comme

*L’attention et l’écoute portée à l’autre, à son identité sociale et culturelle

*Le respect à l’égard de la personne d’autrui, de ses convictions, opinions

*Le souci de comprendre les motivations de l’autre (sans forcément les adopter d’ailleurs !)

etc.

 

COMPLEMENTARITE ET CONVERGENCE

 

Il s’agit de la complémentarité et de la convergence des actions éducatives : la complémentarité est de l’ordre du constat : les influences éducatives sont complémentaires, la convergence est de l’ordre de la volonté : il est nécessaire que les actions éducatives soient convergente.

 

Ces deux propositions sont très riches en implications, y compris sur le plan moral.

 

Un rappel pour ceux qui en auraient besoin :

 

Complémentarité et convergence ou comment assurer les indispensables cohérences dans l'éducation de l'enfant ?

 

Depuis leur création, les Francas n'ont cessé de poser cette question... à eux-mêmes d'abord, et, tout autour d'eux, à tous ceux qui participent à cette éducation.

 

A ceux qui y participent directement : parents, enseignants, personnels des écoles, animateurs, éducateurs en général ;

 

mais aussi à ceux qui exercent des responsabilités : élus locaux, territoriaux, responsables de services municipaux certes, mais aussi élus nationaux, responsables de ministères... Les évolutions de la société les ont aussi conduits à entrer en contact avec des architectes, des universitaires, des responsables de formation, des gens, des media.

 

Cette cohérence dans l'éducation de l'enfant leur semble indispensable et les Francas l'ont exprimé avec la notion de globalité de l'éducation dès le milieu de ce siècle.

 

Partant du constat que l'enfant est une personne unique et entière mais que les influences qui s'exercent sur lui sont multiples et diverses et que chacune de ces influences ne saurait être que partielle, cette notion de globalité exprime l'insuffisance d'une éducation qui ne serait qu'une juxtaposition anarchique d'actions particulières - dans le domaine éducatif, social, culturel, sportif - menées au hasard par les uns ou pas les autres dans une ignorance réciproque. La diversité des actions éducatives est certes une richesse ; il ne s'agit pas de la réduire : il s'agit seulement de leur donner une cohérence suffisante et un caractère non contradictoire...

 

Car quels repères peut avoir l'enfant si cette cohérence n'est pas assurée ? Comment pourrait-il s'y retrouver, dans ce monde de plus en plus complexe qui nous entoure, si dans sa famille, à l'école, au centre de loisirs, lui ont été tenu des discours opposés, ont été mis en avant des valeurs (des comportements, des compétences) contradictoires et si l'action de chacun des co-éducateurs n'a eu pour effet que de contrarier l'action de tous les autres ? ou de se mettre en concurrence avec tous les autres éducateurs.

 

Les difficultés rencontrées par certains enfants, certains jeunes aujourd'hui ne semblent-elles pas liées à ces incohérences de l'environnement éducatif qu'ils ont connu ? Cette question des repères apparaît cruciale aujourd'hui

 

Au plan moral, au plan des valeurs, ces notions se fondent sur une conviction importante, centrale pour les Francas : l’éducation des enfants est l’affaire de tous !

Autrement dit : l’éducation des petits d’hommes est l’affaire de tous les hommes.

Autrement dit encore : l’éducation n’est pas l’affaire des seuls spécialistes ou de parents laissés seuls à leur rôle éducatif. Chaque citoyen, même s’il n’est pas parent, même s’il n’est pas enseignant, peut légitimement prendre part à l’éducation des enfants ; C’est ce qui fonde la volontariat des animateurs au plan des valeurs.

 

Il faudrait également décliner concrètement ces éléments sur le plan du comportement des éducateurs

-          souci de prendre en compte la personne de l’éduqué dans son ensemble

-          souci de ne pas placer l’enfant en contradiction avec son milieu (attention au terrorisme pédagogique !)

-          présence à l’esprit du fait que l’être humain est complexe et que personne ne détient à elle-seule la vérité sur la nature d’une personne

-          souci de donner à l’éduqué des clefs lui permettant de comprendre l’éducation qui lui a été donnée ou lui est encore donnée…

-          souci de s’entourer d’autant d’avis que possible avant de formuler un jugement sur autrui ou même de prétendre l’évaluer

-          se méfier de soi-même, c’est-à-dire de sa propre subjectivité et de ses propres valeurs dans l’approche d’autrui (cette tête ne me revient pas)

-          avoir toujours présent à l’esprit qu’une bonne partie du comportement d’autrui à son égard dépend du propre comportement que nous avons face à lui ! (schéma de « mystification pédagogique » : je renvoie à l’éducateur l’image qu’il souhaite que je lui renvoie)

 

CITOYENNETE

 

Le terme est plus récemment arrivé dans le lexique francas que les deux autres, mais la valeur demeure une constante du mouvement, quel que soit le nom qu’elle a porté.

 

LA CITOYENNETE DES MINEURS

 

Cette valeur est devenue cruciale au fil du temps.

 

Elle signifie notamment, pour les Francas, un regard tout particulier porté sur l’enfant, et que vient consacrer l’affirmation de droits de participation dans la CIDE.

 

 

Rappel :

 

CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L'ENFANT

 

Article 12

 

1. Les Etats parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité.

 

2. A cette fin, on donnera notamment à l'enfant la possibilité d'être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l'intéressant, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un représentant ou d'un organisme approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale.

 

Article 13

 

1. L'enfant a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l'enfant.

 

2. L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires :

a) Au respect des droits ou de la réputation d'autrui; ou

b) A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, de la santé ou de la moralité publiques.

 

Article 14

 

1. Les Etats parties respectent le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion.

 

2. Les Etats parties respectent le droit et le devoir des parents ou, le cas échéant, des représentants légaux de l'enfant, de guider celui-ci dans l'exercice du droit susmentionné d'une manière qui corresponde au développement de ses capacités.

 

3. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut être soumise qu'aux seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires pour préserver la sûreté publique, l'ordre public, la santé et la moralité publiques, ou les libertés et droits fondamentaux d'autrui

 

Article 15

 

1. Les Etats parties reconnaissent les droits de l'enfant à la liberté d'association et à la liberté de réunion pacifique.

 

2. L'exercice de ces droits ne peut faire l'objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires dans une société démocratique, dans intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté publique ou de l'ordre public, ou pour protéger la santé ou la moralité publiques, ou les droits et libertés d'autrui.

 

Article 16

 

1. Nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation.

 

2. L'enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

 

Article 17

 

Les Etats parties reconnaissent l'importance de la fonction remplie par les médias et veillent à ce que l'enfant ait accès à une information et à des matériels provenant de sources nationales et internationales diverses, notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral ainsi que sa santé physique et mentale.

 

A cette fin, les Etats parties:

 

a) Encouragent les médias à diffuser une information et des matériels qui présentent une utilité sociale et culturelle pour l'enfant et répondent à l'esprit de l'article 29;

 

b) Encouragent la coopération internationale en vue de produire, d'échanger et de diffuser une information et des matériels de ce type provenant de différentes sources culturelles, nationales et internationales;

 

c) Encouragent la production et la diffusion de livres pour enfants;

 

d) Encouragent les médias à tenir particulièrement compte des besoins linguistiques des enfants autochtones ou appartenant à un groupe minoritaire;

 

e) Favorisent l'élaboration de principes directeurs appropriés destinés à protéger l'enfant contre l'information et les matériels qui nuisent à son bien-être, compte tenu des dispositions des articles 13 et 18.

 

Article 29

 

1. Les Etats parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à :

 

a) Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et des ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités

 

b) Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies

 

c) Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut Étre originaire et des civilisations différentes de la sienne

 

d) Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone

 

e) Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.

 

2. Aucune disposition du présent article ou de l'article 28 ne sera interprétée d'une manière qui porte atteinte à la liberté des personnes physiques ou morales de créer et de diriger des établissements d'enseignement, à condition que les principes énoncés au paragraphe 1 du présent article soient respectés et que l'éducation dispensée dans ces établissements soit conforme aux normes minimales que l'Etat aura prescrites.

 

Article 30

 

Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des personnes d'origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de ces minorités ne peut être privé du droit d'avoir sa propre vie culturelle, de professer et de pratiquer sa propre religion ou d'employer sa propre langue en commun avec les autres membres de son groupe.

 

Article 31

 

1. Les Etats parties reconnaissent à l'enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique.

 

2. Les Etats parties respectent et favorisent le droit de l'enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artistique, et encouragent l'organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d'activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d'égalité.

 

 

Il n’est pas facile de faire comprendre que reconnaître des responsabilités aux enfants, ce n'est pas dépouiller les adultes des leurs, mais c'est au contraire leur créer de nouvelles responsabilités, et en particulier celle de rendre leur propre pouvoir plus transparent, plus explicite, mieux compréhensible par l'enfant et de garantir l'efficacité de l'expression de l'enfant et l'efficacité de l'exercice de ses responsabilités (sans quoi la "citoyenneté des mineurs" se réduit à une série d'exercices formels, sans enjeux, et dont les enfants ne sont certes pas dupes !)

 

Il s’agit de tenir les enfants et les adolescents pour des personnes certes originales et différentes des adultes mais cependant douées individuellement et collectivement d'une légitime vision du monde et d'une capacité à s'exprimer, à agir et à participer à la vie sociale

 

C'est concilier deux nécessités :

 

            Celle de protéger les enfants et les adolescents, sans pour cela les infantiliser

 

            Celle de favoriser la conquête et la pratique de leur autonomie sociale en leur permettant d'investir leurs acquisitions et de mettre leurs capacités au service de la collectivité

 

Ce regard tout spécial sur l’enfant, être complet sinon achevé, doué d’une raison, personne à part entière qui ne se réduit pas à être le fils ou la fille de… me semble être au cœur même des valeurs les plus originales que les Francas ont su développer et promouvoir au fil du temps… et ce n’est pas fini, espérons le !

 

Quant aux implications concrètes… elles sont infinies et je vous laisse les dégager dans la suite de votre travail…

 

CONCLUSION

 

Mettre de la cohérence entre des valeurs et des comportements est une tâche difficile car l’époque actuelle nous a appris à nous méfier des décalages entre le dire et le faire (c’est une des racines de la crise du politique : le sentiment que le discours politique est impuissant à transformer la réalité)… Les grandes idéologies se sont effondrées !

 

Pourtant, il ne faut pas y renoncer, sauf à se dire que l’égoïsme, la duplicité, le cynisme sont les plus forts.

 

A cet égard, j’aime bien la définition que l’on peut donner du militant : celui qui met de la cohérence entre des idées et des comportements, entre des objectifs et des actes, entre le dire et le faire.

 

Notre époque a besoin de militants ! !