INTERVENTION POUR LES FRANCAS DE
BOURGOGNE
Malicorne (Yonne)
LES VALEURS EDUCATIVES DES
FRANCAS
Cette intervention
m’a été demandée tardivement : cela arrive !
Mais – en tant que
Francas – il m’était difficile de laisser Manu dans l’embarras, et, puisque je
suis quasi-voisin… je suis venu avec plaisir !
Il me faut préciser
quelques détails avant de traiter du sujet
-
je suis adhérent des
Francas depuis l’âge de 16 ans… cela fait un bail !
-
j’ai surtout milité,
jusqu’il y a peu, chez les Francas de Champagne-Ardenne
-
j’ai occupé, de 1983
à 1994, trois postes permanents différents
-
responsable des
échanges franco-allemands
-
délégué de la région
Champagne-Ardenne et du département de la Marne
-
délégué national
chargé de mission auprès du secrétaire général, plus particulièrement concerné
par les questions d’éducation et des droits de l’enfant
-
je n’ai pour
l’instant plus aucun rôle en dehors d’être adhérent des Francas de la Marne
Je pense que toutes
ces qualifications sont aussi de nature à influencer le discours que je vais
vous tenir !
J’aimerais d’abord
discuter un peu le sujet qui m’est proposé : les valeurs éducatives des
Francas, ou, comme on dit le « problématiser », car il est loin
d’aller de soi !
Ensuite, nous
passerons au cœur du sujet, que je souhaite organiser autour de trois ensembles
-
les valeurs de
laïcité
-
les valeurs de
complémentarité
-
les valeurs de
citoyenneté
Ces trois ensembles
me paraissent rendre compte de l’essentiel des valeurs qui inspire le projet
des Francas, et espérons-le encore, leurs pratiques !
« Les valeurs
éducatives des Francas »
Discutons le sujet
sur trois niveaux :
-
les valeurs :
qu’est ce qu’une valeur ? Il faut s’entendre un minimum sur le sens du mot
et ses implications !
-
les valeurs éducatives :
y-a-t-il des valeurs éducatives et d’autres qui ne le sont pas ?
-
les valeurs
éducatives des Francas : Y-a-t-il des valeurs propres aux
Francas ? Lesquelles ?
LA VALEUR – LES
VALEURS
La notion de valeur
appartient au domaine de la morale ou de l’éthique.
La notion est à la
mode et est connotée positivement. Cela ne fait pas très longtemps : ou
plutôt, dans l’histoire récente, l’après 68 (les années 70) nous avaient
habitué à brocarder « les valeurs » que l’on assimilait vite aux
« valeurs bourgeoises », « valeurs traditionnelles » etc.
La valeur était alors plutôt conçue dans les milieux progressistes comme
conservatrice ou réactionnaire ; La valeur nous rattachait au passé, à
l’ordre établi, à un ordre social où les valeurs dominantes étaient les valeurs
des dominants, où les valeurs étaient donc des outils de leur domination.
Tout se passe comme
si nous assistions à un grand retour de la valeur, et il faut s’interroger sur
les mouvements de l’histoire des mentalités qui nous conduisent aujourd’hui,
aux Francas, à rassembler tout un WE des gens autour de cette notion…
Passons : nous
pourrons en débattre.
Pour préciser la
notion de valeur et bien s’entendre, il faut énoncer- que la notion de valeur,
en tant qu’appartenant au domaine moral, vise les actes et les comportements
avant de concerner les idées et le discours.
La valeur
n’appartient pas à l’ordre du discours : je peut ici prétendre
effrontément être quelqu’un d’aimable, de tolérant et de généreux… rien ne pourra
le confirmer avant que des actes observables viennent infirmer ou confirmer la
proposition.
La valeur est donc
forcément en acte pour être réelle.
C’est important, car
souvent, le scepticisme – notamment celui des jeunes – est tel que la notion même
de valeur est rejetée dans le domaine du « beau discours qui ne mange pas
de pain », de l’idéologie (il faut dire que la crise du politique à cet
égard est une crise de la valeur : ou plus précisément une crise liée au
décalage entre la valeur affirmée dans les discours mais trop souvent
contredite par les actes… Jospin actuellement « surfe » sur cette
aspiration à restaurer le lien entre le discours politique et les actes, les
décisions etc.)
Approcher les
valeurs, c’est donc d’abord et avant tout travailler sur les comportements, les
actes, les réactions : sur du concret observable.
En conclusion,
donnons cette définition de la valeur : la valeur est ce qui oriente le
comportement des individus, ce qui motive leurs actes.
Ainsi, si on pouvait
en administrer scientifiquement la preuve, il est probable que la réaction d’un
militant des Francas sera sans aucun doute différente de celle de la majorité
des gens dans une situation donnée : cette différence est liée aux valeurs
qui lui ont été transmises par le mouvement : et notamment par
l’observation du comportement des autres militants autant que par l’étude de
leurs discours.
Par exemple, je suis
prêt à parier que, au vu d’une bagarre entre deux enfants inconnus dans la rue,
le militant francas ne restera pas passif… (du moins peut-on l’espérer…)
LES VALEURS
EDUCATIVES
Y-a-t-il des valeurs
éducatives et d’autres qui ne le sont pas ?
L’éducation des
hommes c’est notamment l’apprentissage des valeurs, ou plutôt leur très lente
et très longue intégration progressive tout au long de ce chemin de croix qui
mène de l’animal à l’homme !
On pourrait donc dire
à ce titre que toute valeur est éducative, ou plutôt aspire, prétend à éduquer.
Si l’on parle de
valeur éducative ici cependant, c’est qu’en effet un certain nombre de valeurs
sont particulièrement chères au cœur des éducateurs que nous sommes… Les
valeurs éducatives à cet égard sont donc bien plutôt les valeurs des
éducateurs, en tant qu’ils exercent leur pratiques éducatives, dans leurs actes
d’éducateurs.
LES VALEURS
EDUCATIVES DES FRANCAS
Y-a-t-il des valeurs
éducatives propres aux Francas, et qui feraient l’identité intangible du
mouvement ?
Je ne le crois
pas : les pères fondateurs appartenaient aux Eclaireurs de France, aux
CEMEA, à la Ligue de l’enseignement, aux Syndicats enseignants, au mouvement
Freinet… Les Francas continuent de partager une bonne partie des valeurs qui
sous-tendent leurs pratiques avec l’ensemble de ces mouvements, et plus
largement, l’ensemble du « mouvement progressiste » voire avec un
large courant « humaniste » qui traverse l’ensemble de la société
française dont les Francas sont aussi l’émanation.
Il faudrait donc
plutôt parler des valeurs « qui inspirent les pratiques des
Francas », car ces valeurs ne sont pas leur propriété : bien d’autres
les partagent !
Récapitulons :
-
1. Parler des
valeurs, c’est d’abord viser les comportements, les actes, les réactions… en
conséquence, parler des valeurs en formation, c’est d’abord viser les
comportements, les actes, les réactions des formés et des formateurs, et pas
seulement changer les contenus de formation !
-
2. Parler de valeurs
éducatives, c’est s’intéresser notamment aux valeurs des éducateurs, et
notamment éclaircir celles que ceux-ci véhiculent dans leurs comportements, leurs
actes, leurs décisions dans leur pratique d’éducation, c’est-à-dire quand ils
sont au contact de personnes en devenir
-
3. On ne peut pas
dire que les valeurs éducatives des Francas leur sont propres : ils les
partagent avec beaucoup d’autres, même s’ils l’ont quelquefois oublié, et si,
partout, un certain « chauvinisme de mouvement » occulte la
communauté réelle de valeurs.
Comme
indiqué au début de l’intervention, il me semble que « les valeurs
éducatives des Francas » s’organisent autour de trois ensembles : LAICITE – COMPLEMENTARITE – CITOYENNETE
-
Laïcité : situe
l’environnement général (« socio-politique ») de l’acte éducatif)
-
Complémentarité/convergence :
décrit les relations entre les influences éducatives, est donc plutôt centré
sur le comportement des éducateurs entre eux
-
Citoyenneté :
vise plutôt les relations entre éduqué, et entre éducateurs et éduqués
La Laïcité semblait il y a très peu de
temps être une idée poussiéreuse, qui n'a pas évolué si bien qu'elle apparaît
comme réactive, non constructive, et, pour tout dire, un peu
"ringarde", notamment aux yeux des plus jeunes...
Il faut se demander pourquoi.
C'est peut-être d'abord qu'il est plus
facile de définir la notion négativement, comme absence de référence
religieuse... C'est de là qu'apparaît sa dimension "réactive",
combative, faisant également apparaître ses promoteurs comme étant sur la
défensive.
Ensuite, c'est peut-être qu'elle a été
figée dans une dimension purement institutionnelle qu'il s'agit seulement de
préserver, de défendre telle quelle.
Les conséquences de la réduction de
l'idée de Laïcité à sa dimension institutionnelle sont que
- ses fondements philosophiques et
politiques ne sont plus perçus,
- le mot en lui-même provoque
malentendus et blocages, en raison notamment des connotations héritées du
"combat des deux France"
Il s'agit donc de viser, au delà du
mot, les idées, d'en retrouver toutes les dimensions et d'en actualiser en
conséquence la signification théorique et pratique.
Cette notion, héritée de l'époque où
le dualisme catholique/laïque polarisait fortement notre société, doit être
repensée en tenant compte des nouvelles données de cette société : le progrès
technique, la pluralité des cultures et des croyances, l'omniprésence de
l'image... Autant d'éléments qui ont modifié les rapports des hommes entre eux.
On peut, sur la base de l'utilisation
courante de la notion, en isoler les dimensions suivantes.
1.une dimension politique
2.une dimension juridique et
institutionnelle
3.une dimension philosophique ou
anthropologique
4.une dimension éthique et/ou
déontologique
5.une dimension éducative
Les Francas fondent leur action sur une conception plutôt
ouverte de la laïcité, comme principe d'éducation : idéal d'émancipation fondé
aussi sur une conception de l'individu libre de ses choix, croyances et options
et qu'il s'agit, en l'éduquant, de mettre à la hauteur de cette liberté, au
delà de tous les conditionnements et de toutes les influences issus de son
environnement. Il s'agit en somme d'une éducation à l'autonomie, au sens propre
du terme
Avec une ultime limite toutefois :
toujours se fonder sur l'unité de l'homme et donc la stricte réciprocité des
consciences (ce que je souffre et subis, l'autre homme, du seul fait qu'il est
homme peut le ressentir de la même façon... et ma volonté de domination sur lui
signifie nécessairement, inexorablement, la négation de sa volonté propre).
De cette volonté de laisser le
libre-arbitre de l'autre intact et de cette insistance sur la réciprocité des
conscience découle, dans l'idéal laïque, l'extrême tolérance et l'extrême
respect vis-à-vis de l'autre, de tous les autres... et au premier chef
notamment les "éduqués".
La notion de laïcité n’appartient pas
seulement aux Francas, loin de là… Pourtant, on pourrait dire qu’il ont
contribué, dans le débat laïque, à l’actualisation et à la rénovation de la
notion, par deux idées notamment :
1° idée : La Laïcité de l'éducateur désigne sa capacité à considérer
l'enfant et le jeune comme une personne humaine déjà à part entière et non
comme un pas encore adulte
En fonction de la définition principale
qui a été donnée de l'attitude laïque (l'affirmation qu'un caractère commun,
proprement humain prime toutes les différences entre les hommes) la Laïcité de
l'éducateur reviendrait, pour l'essentiel, à jauger son attitude et ses
interventions sur l'enfant à l'aune du respect de la personne humaine, incarnée
dans l'enfant ou le jeune à qui il a affaire, et qui porte en lui la totalité
de la "Condition humaine", quels que soient ses défauts ou ses
avatars.
Il faut donc changer bien des regards
sur l'enfant pour arriver à cela !
2° idée : la Laïcité est l'invention permanente d'un savoir vivre en
commun
De notre point de vue d'éducateur, une
éducation à la Laïcité pourrait passer par l'invention permanente d'un savoir
vivre ensemble respectueux de la limite entre le domaine privé et le domaine
collectif.
Elle signifierait donc la construction
collective et permanente d'un état de droit - dans ce que cette construction
peut avoir de fragile, de périssable, de temporaire - dans les institutions
éducatives
Elle s'opposerait donc à une démarche
où un corps d'adultes imposerait aux enfants et aux jeunes des réponses toutes
faites à des problèmes qui n'existent pas (parce que les règlements les
préviennent tant et si bien qu'ils ne sont même plus aperçus comme tels).
Il
reste à décliner ces éléments en terme de comportement, d’actes, de réaction,
tant avec les enfants qu’avec les stagiaires.
Dans
cette déclinaison on trouverait assurément des éléments comme
*L’attention
et l’écoute portée à l’autre, à son identité sociale et culturelle
*Le
respect à l’égard de la personne d’autrui, de ses convictions, opinions
*Le
souci de comprendre les motivations de l’autre (sans forcément les adopter
d’ailleurs !)
etc.
Il
s’agit de la complémentarité et de la convergence des actions éducatives :
la complémentarité est de l’ordre du constat : les influences éducatives
sont complémentaires, la convergence est de l’ordre de la volonté : il est
nécessaire que les actions éducatives soient convergente.
Ces
deux propositions sont très riches en implications, y compris sur le plan
moral.
Un
rappel pour ceux qui en auraient besoin :
Complémentarité et convergence ou comment assurer les
indispensables cohérences dans l'éducation de l'enfant ?
Depuis leur création, les Francas n'ont cessé de poser
cette question... à eux-mêmes d'abord, et, tout autour d'eux, à tous ceux qui
participent à cette éducation.
A ceux qui y participent directement : parents,
enseignants, personnels des écoles, animateurs, éducateurs en général ;
mais aussi à ceux qui exercent des responsabilités :
élus locaux, territoriaux, responsables de services municipaux certes, mais
aussi élus nationaux, responsables de ministères... Les évolutions de la
société les ont aussi conduits à entrer en contact avec des architectes, des
universitaires, des responsables de formation, des gens, des media.
Cette cohérence dans l'éducation de l'enfant leur semble
indispensable et les Francas l'ont exprimé avec la notion de globalité de l'éducation
dès le milieu de ce siècle.
Partant du constat que l'enfant est une personne unique
et entière mais que les influences qui s'exercent sur lui sont multiples et
diverses et que chacune de ces influences ne saurait être que partielle, cette
notion de globalité exprime l'insuffisance d'une éducation qui ne serait qu'une
juxtaposition anarchique d'actions particulières - dans le domaine éducatif,
social, culturel, sportif - menées au hasard par les uns ou pas les autres dans
une ignorance réciproque. La diversité des actions éducatives est certes une
richesse ; il ne s'agit pas de la réduire : il s'agit seulement de leur donner
une cohérence suffisante et un caractère non contradictoire...
Car quels repères peut avoir l'enfant si cette cohérence
n'est pas assurée ? Comment pourrait-il s'y retrouver, dans ce monde de plus en
plus complexe qui nous entoure, si dans sa famille, à l'école, au centre de
loisirs, lui ont été tenu des discours opposés, ont été mis en avant des
valeurs (des comportements, des compétences) contradictoires et si l'action de
chacun des co-éducateurs n'a eu pour effet que de contrarier l'action de tous
les autres ? ou de se mettre en concurrence avec tous les autres
éducateurs.
Les difficultés rencontrées par certains enfants, certains
jeunes aujourd'hui ne semblent-elles pas liées à ces incohérences de
l'environnement éducatif qu'ils ont connu ? Cette question des repères
apparaît cruciale aujourd'hui
Au
plan moral, au plan des valeurs, ces notions se fondent sur une conviction
importante, centrale pour les Francas : l’éducation des enfants est
l’affaire de tous !
Autrement
dit : l’éducation des petits d’hommes est l’affaire de tous les hommes.
Autrement
dit encore : l’éducation n’est pas l’affaire des seuls spécialistes ou de
parents laissés seuls à leur rôle éducatif. Chaque citoyen, même s’il n’est pas
parent, même s’il n’est pas enseignant, peut légitimement prendre part à
l’éducation des enfants ; C’est ce qui fonde la volontariat des animateurs
au plan des valeurs.
Il
faudrait également décliner concrètement ces éléments sur le plan du
comportement des éducateurs
-
souci de prendre en
compte la personne de l’éduqué dans son ensemble
-
souci de ne pas
placer l’enfant en contradiction avec son milieu (attention au terrorisme pédagogique !)
-
présence à l’esprit
du fait que l’être humain est complexe et que personne ne détient à elle-seule
la vérité sur la nature d’une personne
-
souci de donner à
l’éduqué des clefs lui permettant de comprendre l’éducation qui lui a été
donnée ou lui est encore donnée…
-
souci de s’entourer
d’autant d’avis que possible avant de formuler un jugement sur autrui ou même
de prétendre l’évaluer
-
se méfier de
soi-même, c’est-à-dire de sa propre subjectivité et de ses propres valeurs dans
l’approche d’autrui (cette tête ne me revient pas)
-
avoir toujours
présent à l’esprit qu’une bonne partie du comportement d’autrui à son égard
dépend du propre comportement que nous avons face à lui ! (schéma de
« mystification pédagogique » : je renvoie à l’éducateur l’image
qu’il souhaite que je lui renvoie)
Cette valeur est devenue cruciale au fil du temps.
Elle signifie notamment, pour les Francas, un regard
tout particulier porté sur l’enfant, et que vient consacrer l’affirmation de
droits de participation dans la CIDE.
Rappel :
CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L'ENFANT
Article 12
1. Les Etats parties garantissent à l'enfant qui est capable de
discernement le droit d'exprimer
librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de
l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré
de maturité.
2. A cette fin, on donnera notamment à l'enfant la possibilité d'être
entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l'intéressant, soit
directement, soit par l'intermédiaire d'un représentant ou d'un organisme approprié,
de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale.
Article 13
1. L'enfant a droit à la liberté
d'expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de
répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de
frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout
autre moyen du choix de l'enfant.
2. L'exercice de ce droit ne peut faire l'objet que des seules
restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires :
a) Au respect des droits ou de la réputation d'autrui; ou
b) A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, de la
santé ou de la moralité publiques.
Article 14
1. Les Etats parties respectent le droit de l'enfant à la liberté de pensée, de conscience et de
religion.
2. Les Etats parties respectent le droit et le devoir des parents ou, le
cas échéant, des représentants légaux de l'enfant, de guider celui-ci dans
l'exercice du droit susmentionné d'une manière qui corresponde au développement
de ses capacités.
3. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut être
soumise qu'aux seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont
nécessaires pour préserver la sûreté publique, l'ordre public, la santé et la
moralité publiques, ou les libertés et droits fondamentaux d'autrui
Article 15
1. Les Etats parties reconnaissent les droits de l'enfant à la liberté d'association et à la liberté de
réunion pacifique.
2. L'exercice de ces droits ne peut faire l'objet que des seules
restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires dans une
société démocratique, dans intérêt de la sécurité nationale, de la sûreté
publique ou de l'ordre public, ou pour protéger la santé ou la moralité publiques,
ou les droits et libertés d'autrui.
Article 16
1. Nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans
sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes
illégales à son honneur et à sa réputation.
2. L'enfant a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions
ou de telles atteintes.
Article 17
Les Etats parties reconnaissent l'importance de la fonction remplie par
les médias et veillent à ce que l'enfant ait accès à une information et à des
matériels provenant de sources nationales et internationales diverses,
notamment ceux qui visent à promouvoir son bien-être social, spirituel et moral
ainsi que sa santé physique et mentale.
A cette fin, les Etats parties:
a) Encouragent les médias à diffuser une information et des matériels qui
présentent une utilité sociale et culturelle pour l'enfant et répondent à
l'esprit de l'article 29;
b) Encouragent la coopération internationale en vue de produire,
d'échanger et de diffuser une information et des matériels de ce type provenant
de différentes sources culturelles, nationales et internationales;
c) Encouragent la production et la diffusion de livres pour enfants;
d) Encouragent les médias à tenir particulièrement compte des besoins
linguistiques des enfants autochtones ou appartenant à un groupe minoritaire;
e) Favorisent l'élaboration de principes directeurs appropriés destinés à
protéger l'enfant contre l'information et les matériels qui nuisent à son
bien-être, compte tenu des dispositions des articles 13 et 18.
Article 29
1. Les
Etats parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à :
a)
Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement
de ses dons et des ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de
leurs potentialités
b)
Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies
c)
Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue
et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du
pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut Étre originaire et des
civilisations différentes de la sienne
d) Préparer
l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans
un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et
d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux,
et avec les personnes d'origine autochtone
e)
Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.
2. Aucune
disposition du présent article ou de l'article 28 ne sera interprétée d'une
manière qui porte atteinte à la liberté des personnes physiques ou morales de
créer et de diriger des établissements d'enseignement, à condition que les
principes énoncés au paragraphe 1 du présent article soient respectés et que
l'éducation dispensée dans ces établissements soit conforme aux normes
minimales que l'Etat aura prescrites.
Article 30
Dans les
Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des
personnes d'origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de
ces minorités ne peut être privé du droit d'avoir sa propre vie culturelle, de
professer et de pratiquer sa propre religion ou d'employer sa propre langue en
commun avec les autres membres de son groupe.
Article 31
1. Les
Etats parties reconnaissent à l'enfant le droit au repos et aux loisirs, de se
livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de
participer librement à la vie culturelle et artistique.
2. Les
Etats parties respectent et favorisent le droit de l'enfant de participer
pleinement à la vie culturelle et artistique, et encouragent l'organisation à
son intention de moyens appropriés de loisirs et d'activités récréatives,
artistiques et culturelles, dans des conditions d'égalité.
Il n’est pas facile de faire comprendre que reconnaître
des responsabilités aux enfants, ce n'est pas dépouiller les adultes des leurs,
mais c'est au contraire leur créer de nouvelles responsabilités, et en
particulier celle de rendre leur propre pouvoir plus transparent, plus
explicite, mieux compréhensible par l'enfant et de garantir l'efficacité de
l'expression de l'enfant et l'efficacité de l'exercice de ses responsabilités (sans
quoi la "citoyenneté des mineurs" se réduit à une série d'exercices
formels, sans enjeux, et dont les enfants ne sont certes pas dupes !)
Il s’agit de tenir les enfants et les adolescents pour
des personnes certes originales et différentes des adultes mais cependant
douées individuellement et collectivement d'une légitime vision du monde et
d'une capacité à s'exprimer, à agir et à participer à la vie sociale
C'est concilier deux nécessités :
Celle
de protéger les enfants et les adolescents, sans pour cela les infantiliser
Celle
de favoriser la conquête et la pratique de leur autonomie sociale en leur
permettant d'investir leurs acquisitions et de mettre leurs capacités au
service de la collectivité
Ce regard tout spécial sur l’enfant, être complet sinon
achevé, doué d’une raison, personne à part entière qui ne se réduit pas à être
le fils ou la fille de… me semble être au cœur même des valeurs les plus
originales que les Francas ont su développer et promouvoir au fil du temps… et
ce n’est pas fini, espérons le !
Quant aux implications concrètes… elles sont infinies et
je vous laisse les dégager dans la suite de votre travail…
Mettre de la cohérence entre des valeurs et des
comportements est une tâche difficile car l’époque actuelle nous a appris à
nous méfier des décalages entre le dire et le faire (c’est une des racines de
la crise du politique : le sentiment que le discours politique est
impuissant à transformer la réalité)… Les grandes idéologies se sont
effondrées !
Pourtant, il ne faut pas y renoncer, sauf à se dire que
l’égoïsme, la duplicité, le cynisme sont les plus forts.
A cet égard, j’aime bien la définition que l’on peut
donner du militant : celui qui met de la cohérence entre des idées et des
comportements, entre des objectifs et des actes, entre le dire et le faire.
Notre époque a besoin de militants ! !