L’avenir est aux territoires

L’évolution des politiques éducatives

Mai 2002

 

Une modification profonde de l’organisation territoriale de la France est en cours. Aux échelons administratifs traditionnels s’ajoutent désormais quasi systématiquement l’intercommunalité, mais aussi, de plus en plus le « Pays ».

 

Forme souple d’entente entre les communes et autres établissements public d’un territoire donné, le « Pays » a vocation à y assurer la meilleure cohérence possible en matière d’équipements, de politiques structurelles, de compétences.

 

Par ailleurs, dans notre domaine, les politiques proposées tant par l’Etat que les organismes sociaux (CAF), mais aussi par les départements ou régions sont aussi dites « territorialisées » : elles reconnaissent pour principal interlocuteur les élus locaux et exigent en préalable des projets enfance-jeunesse globaux formulé à l’échelon du territoire concerné.

 

Les associations et fédératon peuvent voir dans cette évolution une perte de reconnaissance, une difficulté d’agir, voire une « balkanisation » de l’action éducative : selon le choix des élus locaux, à certains les services éducatifs de qualité, à d’autres le vide…

 

Alors, comment un mouvement comme celui des Francas, attaché si profondément aux principes d’égalité républicaine et de service public accessible à tous, peut-il trouver sa place dans ce mouvement ? Comment peut-il continuer d’œuvrer, aux côtés des communes et des associations locales, pour une véritable prise en compte du temps libre de l’enfant et du jeune dans les politiques locales ?

 

Rappelons tout de suite qu’en développant, dès 1990, le programme « Place de l’enfant », les Francas ont pris acte fortement du fait que la légitimité du développement de politiques éducatives locales revient pleinement aux acteurs locaux, et notamment aux élus locaux.

 

Leur forte implantation locale, leur attachement à l’institution communale, au service public local, les prédisposaient largement à faire ce choix historique pour eux.

 

C’est ainsi—il faut aussi le rappeler fortement– qu’ils promeuvent explicitement l’idée de « projet éducatif local » depuis leur congrès de 1981 (mais dès 1970, leurs journées d’étude « l’enfant dans la Cité » insistait sur une action concerté des coéducateurs au plan local).

 

C’est donc tout naturellement qu’une bonne partie de leur action porte maintenant sur l’accompagnement et le développement de projets locaux pour l’enfance et la jeunesse et la mise au point de dispositifs comme les « contrats temps libres » ou les « contrats éducatifs locaux »..

 

Alors, à quelles conditions agir dans ce cadre ?

 

Tout d’abord, la « territorialisation » de politiques éducatives répond à un choix démocratique de première importance : ce sont les acteurs du territoires qui sont les premiers légitimes pour définir ces politiques… mais il faut s’entendre : il s’agit de TOUS les acteurs. Il ne serait pas acceptables que seuls quelques uns décident ce ces politiques pour tous les autres. Les Francas sont aussi attachés à l’idée que l’éducation est bien l’affaire de tous.

 

Ensuite, il ne peut s’agir pour les Francas de participer—comme le feraient des consultants techniques—de manière aveugle à la mise au point de dispositifs déconnectés des objectifs qu’ils sont censés contribuer à réaliser, des valeurs qu’il s’agit de mettre en œuvre.

 

Si le militant est d’abord celui qui met en cohérence des objectifs théoriques et des pratiques concrètes, qui met en correspondance des principes éducatifs et les réalités de l’action quotidienne, alors des « militants » sont indispensables, au niveau local, pour relier en permanence la longue chaîne, trop souvent rompue, entre les intentions pures et la vie réelle des enfants, des jeunes et des familles.

 

C’est que, comme tout « projet », le « projet éducatif local » est bien un outil de transformation sociale, d’ouverture et de progrès.

 

Transformation des conditions de vie, évolution des esprits, ouverture culturelle, progrès personnel et progrès social...

 

C’est bien la promotion de ces valeurs, l’attachement à ces principes, qui, au delà de la diversité des territoires, permettra de garantir une convergence d’approche et un socle d’égalité, partout où cela est possible.

 

A ces conditions, l’avenir est sans doute aux territoires !

 

Pour Francas LCA numéro 10