Un séjour à Bad...

 

 

 

 

COMPTE RENDU

DU SEJOUR DE TRAVAIL

A BAD-OEYNHAUSEN

(Rhénanie du Nord-Westphalie, République fédérale d’Allemagne)

 

effectué par Denis Quéva, responsable du CCAS de la Ville de Fismes

 

19/24 AVRIL 1998

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sommaire

 

1. Note d’ambiance

 

2. Le programme commenté

 

3. Quelques éléments d’information

 

sur l’organisation de l’administration en Allemagne

sur l’organisation des services de la Mairie de Bad-Oeynhausen

sur l’actualité de Bad-Oeynhausen en avril 1998

 

4. Conclusion et suites à donner

 

1. Note d’ambiance

 

 

 

Fismes représente assurément quelque chose à Bad, et les indices en sont multiples :

 

·          mention des villes jumelées sur un panneau à côté de l’entrée principale de l’Hôtel de Ville

·          présence du blason de Fismes et de celui des autres villes jumelées de Bad dans la Salle du Conseil municipal

·          vitrine consacrée au jumelage avec Fismes au rez-de-chaussée de l’Hôtel de Ville, juste à côté de l’escalier principal de l’Hôtel de Ville, emprunté aussi bien par l’ensemble du personnel que par les visiteurs

·          reprise de la brochure sur l’histoire de l’Hôtel de Ville de Fismes sous forme d’exposition dans le couloir qui mène au bureau de l’Etat-civil

·          etc.

 

De même, l’accueil du visiteur fismois, quel que soit le statut de la personne rencontrée, est partout empreint de marques d’attention qui donne le sentiment d’être en pays ami... presque en terrain de connaissance.

 

Il fallait relever ce sentiment général, car il marque la tonalité générale du séjour.

 

Il n’est pas possible ici de remercier tout ceux - fort nombreux qui ont assurément contribué à la réalisation de cet accueil.

 

Qu’il soit cependant permis de mentionner au premier rang Monsieur Krüger, responsable de l’administration générale de la Mairie de Bad, qui n’a pas ménagé ses efforts avant et pendant le séjour pour mettre sur pied un programme diversifié et attentif aux souhaits de son hôte.

 

Qu’il soit aussi permis de souhaiter que cette visite sera suivi par d’autres, dans les deux sens car la construction d’une Europe à visage humain passe aussi par des échanges fondés sur les pratiques professionnelles et les expériences humaines que chacune de nos sociétés a développées séparément des siècles durant, mais qu’il s’agit désormais de faire cohabiter pacifiquement sur notre continent.

 

 


2. Le programme commenté

 

Lundi 20 avril 1998

 

9 h 00        Accueil par Monsieur Gerhard Krüger, chef de l’administration générale. Introduction aux principes généraux de l’administration locale en Allemagne

 

Monsieur Krüger est responsable du bureau 10 (“Hauptamt”, littéralement Bureau principal). Placé directement sous la responsabilité du Directeur général de la Ville (Stadtdirektor Klaus Walter Kröll), il est lui même responsable des bureaux 100 (Information, Etat civil, Elections et Secrétariat du Conseil municipal), 101 (Organisation et services centraux) et 102 (Informatique).

 

En Allemagne, les numéros des bureaux renvoient à une nomenclature qui est partout la même, ce qui facilite grandement les comparaisons d’administration locale à administration locale.

 

                   Visite au Service informatique conduite par Monsieur Peter Wolf, responsable du service


L’équipement en nouvelles technologies fait partie des priorités de l’administration municipale et des élus.


C’est ainsi que la ville de Bad a développé elle-même ses propres moyens informatiques et de communication, qui sont importants pour elle, compte tenu de l’éclatement des services en de multiples bâtiments partout en ville.


Elle dispose d’un réseau de câblage en fibre optique (!) entre l’ensemble des bâtiments municipaux, qui achemine aussi bien les communications téléphoniques que les données informatiques. Le système permet donc l’interconnection de l’ensemble des postes individuels de travail, ainsi que la diffusion d’informations à tous les utilisateurs des PC.


Le service informatique anime un site internet (http://www.badoeynhausen.de) et une messagerie accessible de l’extérieur (info@badoeynhausen.de)


Par ailleurs, l’ensemble des archives importantes de la commune sont en cours de transfert sous forme électronique par scanner.



11 h 00      Rencontre de presse avec les journaux locaux, en présence de Monsieur Kröll, directeur général


Assistaient également à cette rencontre Monsieur Krüger et Monsieur Dräger, chef de la fraction SPD (Parti social-démocrate) du Conseil municipal. Deux journalistes, représentants respectivement les deux journaux locaux diffusés à Bad (Neue Westphäliche et Westphalischen Blatt) avaient répondu à l’invitation (Voir articles en annexe, dont on peut saluer le souci d’exactitude et de précision)

 

12 h 30      Déjeuner à la cafétéria de l’hôpital


Cette cafétéria fait office de cantine pour le personnel municipal : la Ville de Bad a conclu un accord avec l’Hôpital, ce qui permet au personnel municipal de manger pour environ 6 DM (20 FFR), pour un repas complet.

 

14 h 30      Réunion du “Conseil des Seniors”, dans le bâtiment du service social


Le “Conseil des Seniors” est une nouvelle institution à Bad : il regroupe depuis trois ans environ les représentants désignés par les différents clubs d’anciens de la Ville, et constitue donc pour la Ville une instance consultative compétente pour toutes les matières concernant les personnes âgées.


Il est présidé par Monsieur Pangritz, lui même issu d’un club local, et est placé sous la responsabilité de Monsieur Brand, adjoint au Directeur général responsable du champ culturel social et éducatif. Pour cette séance cependant, en l’absence de Monsieur Brand, le Directeur général lui-même était présent. Assistaient aussi à la séance plusieurs conseillers municipaux, dont le président de la commission sociale, un journaliste, le responsable du service social ainsi qu’une collaboratrice chargée de la rédaction du compte-rendu (et vérifiant à intervalle régulier au cours de la réunion que son compte-rendu était fidèle aux discussions tenues).


L’ordre du jour de cette réunion, qui rassemblait au total une vingtaine de personnes a permis d’aborder :


- L’organisation d’une manifestation annuelle à destination des personnes âgées où 800 personnes sont attendues
- La question du maintien à domicile des personnes âgées à Bad, notamment par l’organisation de services à domicile et par l’adaptation des logements
- Un modèle de demande de mise sous tutelle que la personne âgée remplit quand elle a toute sa tête, puis qu’elle fait certifier par notaire (procédure prévue par la loi allemande, et qui permet à la personne âgée de définir elle-même les dispositions à prendre si elle perd ses facultés mentales)
- La mise en place d’une chaîne téléphonique permettant aux personnes âgées de prendre des nouvelles d’autres personnes âgées par téléphone au moins une fois par jour
- La nouvelle édition d’un guide-conseil à destination des personnes âgées de la commune


18 h 00      Rencontre avec les membres du “Club français”


Le “club français” est une des activités de l’université populaire de Bad Oeynhausen. L’université populaire, établissement municipal, offre une vaste palette d’activités permettant aux habitants de la ville de se former dans tous les domaines possibles, et à des coûts accessibles à tous.

L’objectif du “Club français” est de permettre à la quinzaine de membres qui y sont inscrits de mettre en place des activités en liaison avec la France : lors de cette réunion, il s’est agi de préparer un voyage en Bourgogne (pour les 800 ans de l’abbaye de Vezelay), une conférence et... une dégustation de vins.


Malheureusement, au club français... on parle allemand !

 

Mardi 21 avril 1998

 

9 h 00        Rencontre avec les associations caritatives


Etaient représentés le Diakonisches Werk (les oeuvres protestantes), la Caritas (le secours catholique allemand), la Croix rouge et l’Arbeiterwohfahrt (littéralement, oeuvre de bienfaisance des travailleurs, énorme association allemande proche du SPD), soit une douzaine de personnes.


Chacune de ces associations organise des activités de type social, éducatif et culturel à destination de tous les publics, du petit enfant à la personne âgée. Elles vivent d’abord des dons de leurs membres ou de la population, et comptent peu de permanents au niveau local (les permanents sont plutôt employés au niveau du Kreis, échelon administratif et géographique immédiatement supérieur à l’échelon local : un petit “département” en fait).

Cependant, elles sont très puissantes dans la mesure où la loi allemande oblige les autorités publiques à leur déléguer la gestion de nombreuses institutions : jardins d’enfants, clubs de jeunes, cantines, garderies, centres de loisirs, clubs du troisième âge, aides familiales, aides ménagères etc. Les autorités publiques ne peuvent gérer elle-même ces établissements que dans le cas où aucune association ne se porte volontaire pour cette gestion... C’est ainsi que sur la vingtaine de jardins d’enfants de Bad (qui accueillent les enfants avant 6 ans contre paiement, pour les familles qui le souhaitent : il n’y a pas d’école maternelle gratuite en RFA), deux seulement sont gérés par la commune, les autres étant gérés par des associations, et notamment les oeuvres protestantes (la population catholique ne représente que 10% de la population de Bad)


Ce curieux système de “subsidiarité” s’explique par l’histoire de l’Allemagne, où on se méfie spontanément des formes officielles d’organisation des populations. Les équipements et les moyens de fonctionnement sont payés par l’argent public, mais sont mis à disposition des associations par convention, comportant cahier des charges très précis des engagements de chacun.

La rencontre a permis notamment d’aborder :

- les domaines d’activités de chacune des associations présentes
- la question de la “concurrence” entre associations, et les recouvrements de compétence
- les formes de la concertation régulière avec la Mairie
- les problèmes liés à l’engagement bénévole : difficulté de recruter des jeunes, manque de disponibilité des adultes ayant une activité professionnelle

 

10 h 30      Rencontre avec Monsieur Eikmeier, responsable du Bureau Jeunesse (Bureau 51)

Seules les villes de plus de 50 000 habitants en Allemagne peuvent faire le choix d’avoir leur propre bureau “51”. Ce bureau est en effet très important, en ce qu’il assure en fait notamment la protection générale et légale des mineurs. En France, ce domaine n’est jamais de compétence municipale, mais réservée aux Conseils Généraux. En Allemagne, pour les villes de moins de 50 000 habitants, les compétences sont exercées par le “Kreis”.

Le Bureau Jeunesse comporte trois services :

1. Service social général (511), responsable de l’assistance aux personnes : aide éducative, placements d’enfants hors de la famille, conseil conjugal, conciliation matrimoniale, suivi des divorces, aide aux jeunes majeurs, suivi des mineurs délinquants, aide sociale aux personnes âgées, suivi des adoptions et des reconnaissances en paternité.

On voit que ce service est très important : il agit sous le contrôle des autorités de justice (le tribunal se trouve tout près du bâtiment qui héberge le bureau jeunesse). Il comporte six travailleurs sociaux, chacun polyvalent et responsable d’un secteur géographique. A Fismes, la plupart de ces compétences sont exercées par les travailleurs sociaux de la Circonscription d’action sociale du Département (5 faubourg d’Epernay) : il faut remarquer que le taux d’encadrement nous est beaucoup plus favorable, puisque Fismes dispose de deux assistantes sociales de secteur, sans compter les autres travailleurs sociaux spécialisés.

2. Service Animation-Jeunesse (512)

Ce service est en principe compétent pour les actions concernant des groupes (et non plus des personnes) : il s’occupe notamment des loisirs, des stages d’animateurs, de la maison des jeunes de Bad, des rencontres internationales de jeunes, de l’aide à l’insertion professionnelle, des aires de jeux (il y en a 50 à Bad) et de la coopération avec les écoles.

Il faut aussi noter que le service anime un “Parlement des Enfants et des Jeunes”, qui consiste en fait en des rencontres régulières entre le Maire, les autres élus et les enfants et les jeunes. Ces rencontres ont lieu dans les établissements scolaires.


3. Service financier et administratif (513)

Ce service est chargé de l’encaissement des participations des familles pour tous les jardins d’enfants (même ceux qui sont gérés par les associations : les tarifs sont les mêmes), du contrôle du versement des pensions alimentaires, de la défense des intérêts des enfants en cas de litige familial.

 

14 h 00      Rencontre avec Monsieur Göcking, responsable du Service de l’aide sociale (501) au sein du Bureau des Affaires sociales (Bureau 50)

Le service de l’aide sociale est d’abord un service administratif : le concept “d’aide sociale” (Sozialhilfe) en Allemagne est beaucoup plus étroit qu’en France : il désigne d’abord le versement aux familles d’un minimum de ressources calculé à partir de barèmes définis au niveau de l’Etat. En fait, il s’agit d’abord d’administrer une sorte de RMI.

Toutefois, les différences d’avec notre système sont importantes :
- le revenu minimum allemand est versé par les communes, et non par l’Etat comme en France
- Ce revenu minimum est administré en Allemagne au niveau local. En France, il est administré par les caisses d’allocations familiales
- Ce revenu minimum allemand n’est pas calculé forfaitairement comme en France, mais sur la base de charges estimées par les services locaux et pouvant différer selon les ménages


Il s’ensuit
- un travail administratif considérable (comme si l’on demandait aux communes, en France, d’administrer une partie des allocations familiales et des allocations logement !), compliqué encore par tout une série d’abattements variables selon la situation de famille ;
- des contestations toujours possibles : quels sont les charges à retenir ? Le remboursement d’un sèche-linge doit-il être inclus dans le calcul du Revenu minimum, par exemple ?

Pour une fois, l’administrateur local français peut avoir l’impression que la France fait plus simple et plus efficace ! Le système allemand semble laisser dans l’ombre les questions d’insertion dans le sens français du terme... en tout cas, cela ne semble pas être le problème des services sociaux, sans doute trop occupés à gérer ce système complexe.


Il faut également remarquer que le service social - qui dispose de ces propres locaux - n’est pas accessible au public en continu, mais seulement certaines demi-journées.

 


15 h 30      Réunion de préparation des cérémonies liées au 20° anniversaire du jumelage entre Bad-Oeynhausen et Wear Valley District (Grande-Bretagne) - 7/10 mai 1998


Etaient présents Mesdames Fritz, Maire de Bad-Oeynhausen et Genschow, Présidente du Comité de Jumelage de Bad, Messieurs Kröll, Directeur Général, Brand, Directeur général adjoint, Scharbius, Directeur général adjoint, chef des services techniques, Krüger, Chef de l’administration et deux autres responsables de service... Le tour de table montre assez l’importance que la Ville attache à l’événement, auquel une délégation de Fismes et d’Iwronoclaw, ville jumelée de Bad en Pologne, participera aussi.

Il est frappant de constater que cette réunion a permis d’aborder l’ensemble du programme jusque dans les moindres détails : il est probable qu’en France, une réunion à ce niveau, une fois les grandes lignes tracées, aurait délégué beaucoup plus de choses aux services compétents.

 

17 h 00      Visite chez Monsieur Böcke

En tant qu’initiateur du protocole d’amitié entre les deux villes, prévoyant l’échange de fonctionnaires municipaux dès le départ, Monsieur Böcke a tenu à cette visite. Elle a permis d’évoquer largement les conséquences de la réforme communale en Allemagne et ses effets sur l’administration et les finances locales.

 

Mercredi 22 avril 1998

 

Visite à la foire de Hanovre


La foire de Hanovre est la plus grande foire du monde dans le domaine industriel et technique : d’immenses espaces d’exposition tous neufs accueillent des exposants du monde entier, et on ne peut ici mentionner l’ensemble des impressions que le visiteur peut en retirer quant au progrès général des techniques, en Allemagne comme ailleurs.


Le visiteur français peut par exemple remarquer l’importance donnée aux  énergies renouvelables (et notamment énergie éolienne, très développée en Europe du Nord)... mais aussi la très faible représentation des entreprises et organismes français, en comparaison d’autres pays.. La région Picardie - disposant d’un stand accueillant de nombreuses entreprises picardes - était l’une des deux régions françaises présentes (l’autre étant la région Pays de Loire).

L’exposition universelle de l’an 2 000 aura lieu sur ce site, équipé d’une gare et de nombreuses connexions par tramway au centre ville de Hanovre;

 


Jeudi 23 avril 1998

 

8 h 00        Rencontre avec les collaborateurs du Bureau Jeunesse.


Ces rencontres ont permis d’approfondir les points évoqués avec Monsieur Eikmeier le mardi, et notamment d’évoquer avec les assistants sociaux du service l’organisation concrète de leur service, de même que la nature des problèmes sociaux rencontrés dans la population de Bad Oeynhausen.

On peut noter en général des problèmes moins liés à la situation économique des personnes, mais plutôt liés à la situation familiale elle-même : difficultés dans l’éducation des enfants (et surtout des grands enfants), liées à l’alcool ou aux drogues, à l’isolement de certaines personnes âgées, à la désunion conjugale.


Il a été aussi évoqué la question de ces “réfugiés” d’une nature toute particulière que sont les populations d’origine allemande revenues de Russie ou du Kazakhstan après plusieurs générations d’exil. Au terme de la loi allemande, ces populations sont allemandes et ont donc droit à la nationalité. Elles peuvent s’établir en Allemagne et y travailler. Bad compte 3 000 réfugiés de ce type. Suite à l’ouverture des frontières de l’Est et au développement des difficultés économiques de cette partie d’Europe, un grand nombre de ces Allemands de l’extérieur sont revenus dans le pays de leur père ou de leur grand père, d’où quelques difficultés d’adaptation.

On peut toutefois constater l’effort de la société allemande pour les intégrer économiquement : plusieurs postes de travail de la Mairie de Bad leur ont été affectés.

 

10 h 30      Visite au jardin d’enfants de Dehme


L’école maternelle gratuite n’existant pas en Allemagne, les enfants de 3 à 6 ans sont accueillis, si les parents le souhaitent, dans des jardins d’enfants gérés en principe par des associations par délégation de la Ville. Le jardin d’enfant de Dehme est cependant l’un des deux jardins d’enfants municipaux de Bad, compte tenu du fait qu’aucune association n’a souhaité le prendre en charge.

Il faut imaginer un équipement qui se situe à mi-chemin entre le centre de loisirs maternel et l’école maternelle, très bien équipé à l’intérieur comme à l’extérieur, et organisé par un système de groupes d’enfants. Le personnel pédagogique a une formation d’éducateur de jeunes enfants.


L’équipement est ouvert toute la journée, mais une minorité d’enfants (ceux dont les deux parents travaillent) y prennent le repas de midi et y restent l’après-midi.


Le projet pédagogique de ces jardins d’enfants est plutôt axé sur la motricité corporelle et la découverte du monde plutôt que sur les préapprentissages.


L’accueil est payant, et on peut noter de très fortes variations de tarifs selon les revenus des parents, si bien que les enfants de familles moins argentées peuvent tout de même y être accueillis. Rappelons que les tarifs sont les mêmes pour toute la ville de Bad, quel que soit le gestionnaire de l’équipement.

 

15 h 00      Visite avec les officiels du site de l’exposition florale 2 000 (Landesgartenschau)


Entre avril et octobre de l’an 2 000 (année de l’exposition universelle de Hanovre), Bad et sa ville voisine Löhne accueillent une grande exposition florale subventionnée par la région de Rhénanie du Nord/Westphalie (Landesgartenschau). Ce type d’exposition est très populaire en Allemagne et est organisée tous les ans dans une ville différente.

La petite quarantaine d’officiels présents (dont pas une seule femme !) a entendu un exposé sur les projets d’aménagements nécessaires pour l’accueil de l’exposition et pour attirer le public, puis s’est rendue “sur le terrain” pour examiner le site prévu : un ensemble de terres agricoles, de friches industrielles et de terrains vagues situés à la limite des deux communes et qu’il s’agit de transformer tout en respectant l’environnement. Un architecte parisien (absent ce jour-là) a été chargé de conseiller les équipes responsables du projet.


Les deux villes ont créé ensemble une société chargée de porter ce projet, moyennant mise à disposition de personnel de la part des deux communes (environ 100 agents mis à disposition à temps partiel, soit 50 pour chacune des villes partenaires). Pour abriter ses bureaux et salles de réunion, cette société a loué un étage complet d’une clinique toute neuve et transformé les chambres en bureau. En effet, compte tenu d’une récente réforme de la sécurité sociale allemande, les cliniques ont un problème de remplissage et disposent donc de locaux vides.

La réunion a eu lieu dans les locaux (luxueux) de cette clinique.

 

17 h 30      Réunion spéciale de la commission municipale “Culture et Jumelages” au sujet de la rénovation du Musée des contes de fées.


Les réunions de commission à Bad sont publiques, sauf si les membres en décident autrement par un vote au début de la réunion. Etaient donc présents

- les conseillers municipaux membres de cette commission, assis par groupe (de gauche à droite : Les Verts, le SPD, la CDU) de part et d’autre du président, Monsieur Flagmeier, lui-même membre de la CDU (opposition à la coalition SPD/Verts majoritaire au Conseil Municipal de Bad). Le droit allemand des communes prévoit en effet que les fractions minoritaires doivent avoir la possibilité de présider des commissions.


- l’administration municipale : l’Adjoint au directeur général, Monsieur Brand, l’Adjoint au directeur général chargé des services techniques, la directrice de l’actuel Musée
- les techniciens extérieurs chargés de l’étude pour le réaménagement du bâtiment
- la presse et quelques personnes en tant que public

Il n’est pas question de rapporter ici l’ensemble des discussions tenues, car le sujet est très controversé ! Les positions en présence sont fort diverses et divisées... L’ensemble s’est conclu par une proposition de résolution de pure forme renvoyant le dossier à l’étude...

Il fut très intéressant de participer à cette réunion, qui n’a rien caché des différences d’approche et de point de vue
- d’une part entre les “fractions” du conseil municipal
- d’autre part entre les élus et l’administration municipale, les premiers demandeurs d’objectifs généraux clairs et précis, la seconde poussant à la décision, compte tenu des inévitables délais nécessaires pour l’obtention de financements complémentaires...

Affaire sans nul doute à suivre...

 

Vendredi 24 avril 1998

 

8 h 00        Rencontre avec la rédactrice du journal du personnel “Ente” (“le Canard”)


La ville de Bad ne dispose pas de journal municipal distribué aux habitants. “Ente” est le journal du personnel. Les responsables de l’administration avaient tenu à annoncer au personnel dans le numéro d’avril le séjour d’un français à la Mairie, et ils ont souhaité qu’un petit compte rendu du séjour soit aussi rédigé à l’attention du personnel. C’était l’objet de ce temps.

9 h 00        Evaluation de la semaine avec Monsieur Krüger

 

10 h 00     Réunion de service avec le Directeur général, Monsieur Krüger et le Responsable du personnel sur les modifications de l’organigramme de la Mairie


La fonction publique allemande dispose de règles tout à fait comparables à celles de l’administration locale française : système de classement des personnels selon les emplois, grades et indices, possibilité de mutation interne...

L’objectif de cette réunion était de mettre au point certaines mutations et promotions au sein du personnel... On a pu observer au passage le nombre relativement important d’agents en situation de congé parental d’éducation, ce qui ne simplifie pas toujours l’organisation des services !

Il a été aussi intéressant de constater avec quel soin était étudiée toute possibilité de mettre en adéquation les tâches réelles des agents avec leur position statutaire, ou de les former en vue de leur confier des responsabilités nouvelles.

 

11 h 00      Rencontre avec Monsieur Oehlerking, responsable du bureau des finances


Cette rencontre a permis d’évoquer l’organisation générale du budget communal et de la comptabilité locale de Bad... Les éléments recueillis paraissent très exotiques pour le fonctionnaire local français : en Allemagne, pas d’unité de caisse, pas de séparation de l’ordonnateur et du comptable, libre dépôt des liquidités de la commune auprès de l’établissement bancaire de son choix (en l’occurrence à Bad la Caisse d’Epargne locale), autocontrôle interne reposant sur la responsabilité personnelle de chaque agent d’autorité chargé de l’administration financière, ... On croit rêver !


Toutefois, chaque engagement financier de plus de 30 000 DM doit être confirmé par délibération expresse du conseil municipal.

De même, un service municipal distinct du bureau des finances, ainsi qu’une commission spéciale, est responsable du contrôle des comptes

Par ailleurs, l’organisation budgétaire est d’une transparence dont le système français, malgré les réformes récentes, est encore très éloigné...
On retrouve toutefois dans le budget de la Ville de Bad, comme en France, la distinction fonctionnement/investissement, une présentation fonctionnelle (toutefois beaucoup plus détaillée), et de multiples annexes informatives... A noter enfin : une partie des documents budgétaires est consacrée à l’anticipation des dépenses et recettes sur... cinq années !

Le système d’imposition locale allemand a aussi été évoqué : il prend une part plus importante dans les ressources communales qu’en France, mais repose sur les mêmes types d’impôts (taxe d’habitation, foncière et professionnelle), dont les taux sont fixés localement par référence à des taux établis au niveau fédéral.

Le budget de Bad en 1998 a été adopté le 18 février, même si l’échéance réglementaire était le 31 décembre 97... Peu de communes - dit-on - parviennent à respecter l’échéance de la fin de l’année... Le contrôle de légalité - inexistant en Allemagne - ne rappelle personne à l’ordre !

 


16 h 30      Visite de l’usine “Fennel” avec le conseil municipal


L’Entreprise Fennel est le plus gros contributeur de taxe professionnelle de Bad et emploie sur place 650 personnes. Elle fabrique principalement des accessoires et surfaces plastiques pour cuisines intégrées. Elle exporte dans 50 pays, dont la France (son plus gros client français est MOBALPA). Cette visite fait suite à des contacts entre l’entreprise et l’administration municipale relativement à des questions d’implantation. Une grosse partie du conseil municipal était présente pour cette visite qui manifestement a beaucoup intéressé et s’est conclue par une réception. Il était également manifeste que l’entreprise avait mis un soin tout particulier à l’organisation de cet accueil.

Les industries du meuble (et celles qui y sont liées) sont d’implantation traditionnelle autour de Bad, ce qui permet à l’entreprise Fennel de jouer des complémentarités dans un rayon de 80 km autour de ce site. L’entreprise est tenue par un holding du même nom qui se diversifie prudemment dans le secteur du mobilier, notamment par le rachat de deux entreprises de l’ex Allemagne de l’Est. Son expansion est facilitée par l’acquisition de très gros marchés comme NOKIA, ERICSSON ou SIEMENS pour lesquels elle fabrique notamment des boîtiers plastiques de téléphones mobiles
.


3. Quelques éléments d’information supplémentaires

 

sur l’organisation de l’administration en Allemagne

 

Le mot clef pour l’organisation de l’administration locale en Allemagne est “Selbstverwaltung” (“Autoadministration”). Au contraire des communes françaises, qui restent très étroitement encadrées par l’Etat, même depuis la décentralisation du début des années 80, les communes allemandes disposent d’une autonomie assez frappante : elle ont une capacité a édicter elle-même un “droit local” qui bien évidemment doit s’inscrire dans la légalité fédérale ou régionale, mais représente une marge d’autonomie considérable. L’ensemble des textes fondateurs du droit local fait l’objet d’un document unique, de même que les règles propres au “Land” (région).

 

Il est important de mentionner qu’au terme de la réforme communale du début des années 70, l’Allemagne ne compte qu’environ 4 000 communes (à rapprocher des 36 000 clochers français !). Chacune d’entre elle a donc une taille suffisante pour disposer des moyens de sa bonne administration...

 

Peu de compétences échappent aux communes, si on excepte bien sûr les grandes compétences exercées par les Länder/Régions allemandes (Education, Police) ou par l’Etat fédéral (Affaires étrangères, Justice, Défense, Finances). Quelques compétences sociales ou liées à l’environnement sont exercées au niveau du Kreis (subdivision administrative disposant d’une assemblée élue et correspondant en général en superficie à un petit département français)

 

L’administration municipale est placée sous la responsabilité du Directeur général et non du Maire : il en résulte que les fonctionnaires municipaux bénéficient de délégations de signatures bien plus étendues qu’en France : en Allemagne, les fonctionnaires-chefs de services signent les documents dont ils sont responsables, de même que les mandats de paiement des dépenses qu’ils ont engagées.

 

Jusqu’ici, en Allemagne, le Maire élu par le Conseil municipal n’a qu’une fonction représentative. Ce système va cependant être profondément réformé en 1999, date des prochaines élections municipales : le Maire sera élu directement par la population et aura, comme en France, la responsabilité directe de l’administration, ce qui n’est pas encore le cas.

 

Les agents municipaux se classent en trois catégories :

- les fonctionnaires, chargés de l’encadrement des services ou de missions précises

importantes (Sapeurs-pompiers par exemple)

- les employés, chargés des tâches d’exécution de nature administrative

- les ouvriers, chargés des tâches d’exécution de nature technique

 

Au contraire du système français, seuls les “fonctionnaires” disposent d’un statut comparable à celui du droit public français, les autres agents sont recrutés par contrats de droit commun.

 

Les directeurs généraux et leurs adjoints ont un statut particulier : ils sont élus pour huit ans par le conseil municipal et peuvent être destitués à une majorité de 2/3 (le conseil municipal est élu pour 5 ans).

 

sur l’organisation des services de la Mairie de Bad-Oeynhausen

 

Bad comprend au total un peu moins de 50 000 habitants. L’actuelle ville est issue du regroupement de 9 communes, dont Eidinghausen, l’ex-ville jumelée de Fismes, désormais quartier de la Ville.

 

Le conseil municipal comprend 45 membres organisés en trois fractions :

18 SPD (sociaux démocrates)

20 CDU (chrétiens démocrates)

7 Verts

 

L’actuel Maire, Madame Toni Fritz, SPD, a été élue au sein du Conseil par une coalition SPD/Verts en 1994 pour cinq années.

 

Les commissions municipales sont les suivantes :

Commission principale

Commission du contrôle des comptes

Commission des finances

Commission des écoles

Commission de la Culture et des Jumelages

Commission des Affaires sociales et Sportives

Commission de la Construction

Commission de l’urbanisme et de la circulation

Commission de l’environnement

Commission des travaux

Commission du personnel

Commission pour l’égalité hommes/femmes

Commission de la Jeunesse

Commission des votes

 

Chaque commission comprend des conseillers municipaux titulaires et suppléants, mais aussi les membres de l’administration responsables, ainsi que, pour certaines, des personnes qualifiées nommées de manière permanente à titre consultatif.

 

La commission jeunesse a un statut spécial : elle est par la loi constituée paritairement entre les conseillers municipaux et les responsables d’association.

 

Le personnel municipal comprend

117 fonctionnaires (dont 36 pompiers professionnels)

277 employés

216 ouvriers

 

auxquels il faut ajouter trente collaborateurs du bureau d’aide sociale, soit au total 640 agents (y compris le service municipal des eaux qui en Allemagne n’est généralement pas concédé)

 

Les services sont divisés en trois grandes directions

- Direction 1, placée sous la responsabilité directe du Directeur général, comportant trois bureaux (Administration générale, Contrôle de gestion, Finances) et deux chargés de mission (Développement économique et Egalité Hommes/Femmes)

 

- Direction 2, placée sous la responsabilité d’un adjoint au Directeur et comportant les bureaux suivants : Sécurité, Culture-Sport-Ecoles, Bureau d’aide Sociale, Bureau Jeunesse, ainsi qu’un chargé de mission au personnel.

 

- Direction technique, placée sous la responsabilité d’un adjoint au Directeur et comportant les bureaux suivants : Urbanisme, Construction, Bâtiments municipaux et réseaux, Espaces verts et jardins, Protection de l’environnement et Déchets.

 

Il faut ajouter à l’ensemble la régie municipale des eaux.

 

L’ensemble des services comporte dix implantations principales.

 

sur l’actualité de Bad-Oeynhausen en avril 1998

 

voir article joint en annexe, écrit pour “Fismes aujourd’hui”


4. Conclusion et suites à donner

 

L’intérêt d’un tel séjour pour la meilleure compréhension des deux villes et l’approfondissement de leurs liens ne peut être mis en doute.

 

Il résulte de l’ensemble des contacts pris et des discussions tenues trois prolongements possibles :

 

- l’accueil, en 1999, d’un collaborateur de la Mairie de Bad Oeynhausen à Fismes.

 

L’obstacle principal tient évidemment à la maîtrise de la langue du partenaire : mais sans doute quelques agents de la Ville de Bad ont une connaissance suffisante de cette langue.

 

Un programme analogue d’une semaine pourrait être mis sur pied par la Mairie de Fismes en coopération avec les associations locales (et au premier chef le Comité de Jumelage) mais aussi, en fonction du domaine de travail de la personne accueillie avec d’autres communes ou avec les services du Département, voire de la Région.

 

Il importe dans tous les cas, pour cette durée, de ménager au milieu du séjour, une “pause” visite ou détente, car le travail en langue étrangère est épuisant pour qui n’y est pas habitué.

 

- Peut-être un séjour thématique ?

 

Sur la base des rencontres effectuées, et compte tenu de la différence d’approche des deux pays, on pourrait imaginer un séjour de 3 jours à Bad d’un petit groupe de représentants d’associations caritatives fismoises en vue de confronter des pratiques et échanger des points de vue. Un tel séjour devrait évidemment être accompagné de quelqu’un qui soit à même d’assurer la bonne communication sur place.

 

- et pour l’an 2 000...

 

Monsieur Eikmeyer, responsable du Bureau Jeunesse, a avancé l’idée du séjour d’un groupe de jeunes fismois à Bad en vue de profiter de l’exposition universelle de Hanovre et de l’exposition florale, pendant l’été 2 000.

 

Il y a lieu d’envisager cette question plus particulièrement avec le Comité de Jumelage de Fismes, car Monsieur Eikmeyer insiste pour que les réservations puissent être faites très en avance... si tant est que déjà nombre d’équipements sont déjà réservés pour l’occasion dans toute la région de Bad !

 

A cette occasion, des séjours d’adultes seront sans aucun doute aussi prévus.